Martin Bashir
Flashback] Le non-témoignage du journaliste Martin Bashir
En ce dernier week-end de novembre, nous vous proposons le second volet de notre projet de traduction en français des audiences du procès pour pédophilie de Michael Jackson.
Ce document comporte la fin de la plaidoirie d'ouverture de la défense, qui jette un premier éclairage sur le rôle trouble que jouaient des figures comme Dieter Wiesner ou Marc Schaffel autour de l'artiste. Les plaidoiries d'ouverture constituent toujours dans un procès une partie riche et complexe et en achevant la lecture de celle de Tom Mesereau, nos lecteurs se sentiront peut-être totalement perdus face à la masse d'informations qui leur a été communiquée. Des dates, des noms, une chronologie qu'ils découvrent dans le détail pour la première fois, une version des faits, des citations parfois confuses, le tout saupoudré de quelques critiques habilement lancées sur la théorie adverse. Rassurez-vous : peu à peu, au fil des témoignages, tout ceci prend un sens nouveau et l'horizon s'éclaircit. Les avocats ont tenté de synthétiser une affaire compliquée. Il leur appartient désormais de décomposer le puzzle pièce par pièce.
Le document comprend également les interrogatoires de Martin Bashir (journaliste anglais ayant réalisé le documentaire "Living With Michael Jackson") et d'Ann Kite (chargée de relations publiques recrutée par le camp Jackson pour gérer la crise médiatique occasionnée par la diffusion du documentaire). Vous le découvrirez, le témoignage de Martin Bashir met à rude épreuve les nerfs des avocats et du juge. Se cachant derrière une loi qui garantit la liberté de la presse, le journaliste joue les anguilles et tente d'échapper à toutes les questions qui lui sont posées, au point de s'exposer à des poursuites pour outrage à la Cour.
Extrait de la plaidoirie d'ouverture de la défense (fin)
"M. Mesereau : Nous vous prouverons que M. Jackson se réveille souvent à 3h du matin à Neverland. Il sort seul de sa maison, il va se promener seul sous les étoiles, sous la lune, sous le ciel. Il médite à sa façon et attend que les idées et l'inspiration lui viennent. Et il dit souvent lorsqu'il est question de danse ou de musique "Je ne peux pas expliquer comment je suis parvenu au résultat. C'est venu à moi, je dois le ressentir".
Tel est son mode de vie, et nous le démontrerons. Nous prouverons que l'un des problèmes lorsque vous êtes ce style de génie créatif, c'est que ça ne laisse pas toujours le temps de s'assoir régulièrement avec des avocats, des comptables et des conseillers en affaires. D'ailleurs, il a déclaré "Quand je passe du temps sur ces domaines, je crée moins". Qu'est-ce que ça signifie, Mesdames et Messieurs ? Ça signifie qu'il est vulnérable aux personnes susceptibles de profiter de lui, financièrement et légalement. Et nous aurons des témoins qui vous diront qu'ils l'ont vu signer des documents qui lui étaient présentés sans les avoir lus. Et ces types de comportement… ce type de comportement lui a causé des problèmes par le passé. Mais étant l'être créatif qu'il est, il doit vivre de la manière dont il vit. Et contrairement à ce qu'ils vous ont dit, il ne vit pas comme un criminel".
Extrait du témoignage de Martin Bashir
"Le témoin : Votre Honneur, mon rôle consiste simplement à m'en tenir au film que vous avez vu et à témoigner sur son contenu.
Le juge : Très bien.
M. Mesereau : Je fais objection, Votre Honneur et je conteste ses commentaires. Ils ne répondaient à aucune question.
Le juge : Eh bien, en fait, ils répondaient à ma question demandant s'il voulait répondre à la question.
Le témoin : Désolé, Monsieur, c'est…
Le juge : Donc je ne vous laisserai pas attaquer [ce qu'il a dit]. Très bien. Il suit les conseils de son avocat et il ne répond pas à cette question. Question suivante.
M. Mesereau : Votre Honneur, j'aimerais que des sanctions soient prises contre le témoin. Sinon, je vais intervenir pour contester l'ensemble de son témoignage, y compris la diffusion de cette cassette par l'accusation, s'il refuse le contre-interrogatoire".
Extrait du témoignage d'Ann Kite
"Q. : Vous avez dit que vous aviez établi une évaluation du problème (Note : crise médiatique suite à la diffusion du documentaire de Martin Bashir). Comment avez-vous procédé pour faire ça ?
R. : Eh bien, j'ai jeté un œil à beaucoup d'articles de presse qui sortaient, aux informations qui étaient parues dans les médias. J'ai examiné ce qui était le plus mis en avant et je me suis dit que ça correspondait probablement à ce sur quoi M. Jackson était le plus vulnérable aux attaques à ce moment là. Donc j'ai commencé à élaborer un plan en m'appuyant sur les informations que j'avais sur les choses qui étaient sorties dans la presse par le passé, pour essayer immédiatement de faire en sorte que l'attention ne se focalise plus sur les fragilités de M. Jackson en tant qu'être humain mais sur son génie en tant que musicien. C'était mon plan.
Q. : D'accord. Avez-vous signé un contrat pour intervenir comme spécialiste des RP ?
R. : Oui".
Note importante : La transcription du 2 mars 2005 n'ayant pas été mise à disposition du grand public en 2005, nous faisons tout notre possible pour entrer en contact avec la greffière ayant retranscrit le procès afin de la récupérer. Le mois prochain, vous retrouverez donc celle du 3 mars 2005, qui correspond au quatrième jour de procès. Cette journée marquera la venue à la barre du shérif Lafferty, qui a pris part à la perquisition menée à Neverland en novembre 2003. Il décrira les lieux dans le détail afin de permettre au jury de se représenter la configuration des pièces. Son témoignage sera suivi de l'entrée en scène de la famille Arvizo, avec le témoignage de la soeur aînée de Gavin, Davellin.
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