[Spoiler] I.E. Effects, à l'origine des effets visuels du film This Is It de Michael Jackson
A l'heure où le film This Is It s'apprête à être diffusé en deux dimensions dans les cinémas de toute la planète, il est temps de s'arrêter sur la société I.E. Effects, implantée à Culver City, qui s'est chargée des effets visuels de la tournée. Tous ont été réalisés en stéréoscopie 3D, ce qui permet aux plus optimistes d'envisager une version stéréoscopique du film dans le futur. Michael Jackson avait initialement fait appel à cette entreprise pour qu'elle produise une quinzaine de plans 3D pour les concerts, projet brutalement avorté en raison de son décès. La sortie du film a relancé le travail.
"Je pensais que nous étions perfectionnistes mais l'attention que Michael portait aux détails nous a soufflés", a déclaré David Kenneth, fondateur d'I.E. Effects. "Il s'était complètement investi là-dedans et quand il est mort, nous l'avons perdu et nous pensions aussi avoir perdu l'opportunité de finir le projet".
Aaron Kaminar, superviseur des effets visuels et artiste principal du projet, a expliqué que les images 3D devaient être diffusées sur un écran géant de 9.10m x 27.4m situé derrière Michael Jackson, pendant qu'il dansait. La chorégraphie aurait intégré la présence des vidéos et, associée à des effets spéciaux complexes, aurait permis au Roi de la Pop d'interagir avec l'arrière-plan dans une combinaison unique de live et de 3D.
Quand tout le projet a commencé, personne n'avait l'intention de créer un long-métrage", a expliqué Kaminar. "Mais cela a changé après la mort de Michael Jackson. Nous avons eu le sentiment que c'était pour nous une mission d'honorer sa vision des choses et de finir le travail, selon les instructions figurant dans les notes qu'il nous avait transmises. Ces notes, datant des jours précédant son décès, nous ont servi de directives finales".
Les plans achevés par I.E. Effects incluent des séquences pour la vidéo de Thriller, un nouveau logo Thriller, une animation graphique de la tête de Vincent Price ainsi qu'une autre montrant un Boeing 707 pour la scène finale du concert... le tout en 3D.
THRILLER
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"La majeure partie de Thriller était basée sur un effet plutôt compliqué du point de vue technique", a déclaré Kaminar. "Il y a un lustre qui se balance dans une vieille maison hantée sinistre, avec des fantômes qui s'y suspendent et hurlent".
Les images nécessaires à la conception de cette séquence ont été tournées aux Culver Studios sous la direction de Bruce Jones, en utilisant deux caméras 3D Pace HD Fusion. Les effets créés par I.E. Effects y ont ensuite été ajoutés sur ordinateur.
"Les fantômes ont été filmés séparément sur fond vert, en utilisant un grand chandelier de remplacement. Ensuite, nous avons ajouté au décor, sur ordinateur, le chandelier numérique ainsi que des effets de mouvement, pour que tous les cristaux présents sur le chandelier se comportent correctement", a déclaré Kaminar. "En temps normal, c'est déjà assez compliqué... mais si vous ajoutez le fait qu'il s'agit de stéréoscopie, ça devient exponentiellement encore plus compliqué !"
Cela l'était d'autant plus que la plateforme portant les deux caméras était positionnée au bout d'une grue, qui elle-même bougeait, zoomait, s'inclinait, etc. "Le chandelier de remplacement se balançait et bougeait autour, si bien qu'il était assez difficile de le suivre. Pour y parvenir, nous avons conçu un dispositif permettant un suivi manuel efficace et des mouvements simultanés, ce qui fonctionnait très bien".
Ensuite, un autre problème s'est posé aux concepteurs des effets visuels, lorsqu'ils ont dû faire en sorte qu'il y ait un équilibre entre la vue depuis l'oeil gauche et celle depuis l'oeil droit. Pour optimiser cet équilibre, ils ont eu recours aux données fournies par les caméras, leur précisant la distance de convergence, la distance focale et la distance séparant les deux caméras. Grâce à des calculs, ils ont ainsi pu reconstituer l'image 3D la plus fidèle possible.
La séquence Thriller propose aussi une mise en image des célèbres paroles prononcées par Vincent Price à la fin de la chanson : on y voit la tête de l'acteur flottant dans une boule de cristal. Au milieu de son monologue, un corbeau vient se poser sur son épaule.
"Il y avait un enregistrement audio de Vincent Prince faisant le monologue mais aucune vidéo n'y était associée", poursuit Kaminar. "Donc nous avons filmé un acteur en train de jouer la scène et nous avons remplacé son visage par celui de Vincent Price sur ordinateur".
La reproduction des expressions faciales est l'un des défis les plus complexes dans le milieu de l'animation, particulièrement lorsqu'elle est conditionnée par une bande sonore pré-enregistrée et donc non modifiable. I.E. Effects a travaillé en peignant une grille formée de lignes et de points sur le visage de l'acteur puis en filmant celui-ci avec trois caméras haute définition placées à des inclinaisons variant de 45° les unes par rapport aux autres.
"Le support numérique utilisé pour le visage de Price faisait appel à des courbes et non à des os. Ces courbes épousaient la musculature de son visage, de façon à ce que la déformation paraisse naturelle et se comporte comme le font les muscles et la peau. Evidemment, le visage de notre modèle avait des proportions différentes donc nous avons dû écrire des scripts sur mesure pour établir une corrélation entre l'animation du visage de l'acteur et les positions correspondantes sur le visage de Vincent Price. Nous avons essayé de trouver un acteur avec des traits similaires mais c'est impossible de trouver quelqu'un qui a exactement les mêmes proportions".
LA SCENE FINALE
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Les concerts devaient s'achever par l'arrivée sur scène d'un Boeing 707 filmé en 3D de profil, son aile semblant suspendue au-dessus du public. Une passerelle (bien réelle, celle-ci), devait alors s'élever sur la scène jusqu'à une porte discrètement conçue dans l'écran 3D. Michael Jackson aurait quitté la scène par cette porte, donnant l'illusion aux spectateurs qu'il montait dans l'avion. On aurait alors vu le Boeing s'éloigner dans le lointain, faire demi-tour pour se positionner face au public puis décoller au-dessus des spectateurs.
"Le défi technique dans cette séquence, c'était qu'elle devait s'enchaîner à la perfection et que les images devaient interagir avec la scène et avec la prestation. Pendant les répétitions, d'abord au Forum puis au Staples Center, ils ont installé l'écran sur la scène donc nous avons pu faire des tests avec la vraie porte dans l'écran et voir les images stéréoscopiques de l'avion derrière la scène".
David Kenneth conclut : "Michael Jackson était une icône de la pop qui a redéfini la musique. C'était un honneur de travailler avec lui, sans savoir qu'il s'agirait de sa dernière prestation. Notre équipe toute entière a ressenti sa perte de façon significative sur le plan émotionnel lorsque nous avons appris que Michael était mort... mais pouvoir finir [cette oeuvre] signifiait que nous pouvions accomplir notre rôle et mettre en pratique ses idées pour son dernier projet".
ElusiveShadow.com / Digital Post Production
Mer 28 Oct - 1:21
