Michael Jackson était-il le dernier des castrats ?
Publié le samedi 12 février 2011 à 13H36
C'est l'hypothèse d'un chirurgien marseillais, au terme d'une rigoureuse analyse musicale et médicale
Avec "Thriller" ou "Bad", Michael Jackson a marqué la musique populaire du XXe siècle.
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Depuis sa disparition, le 25 juin 2009, des centaines, des milliers d'ouvrages sont parus sur Michael Jackson. Sa mort, sa vie, son enfance brisée, sa famille de cinglés, sa destruction physique, sa descente aux enfers: le mythe a été disséqué, la légende décryptée, le phénomène analysé. Certains le disent encore vivant, d'autres jurent qu'il n'a jamais existé !
Tout (et son contraire) a été dit sur Michael Jackson. Tout, mais pas l'essentiel. Car le plus grand mystère, n'est-ce pas cette anomalie qui a nourri son génie et fait de lui une star planétaire : autrement dit... sa voix ?
Unique, magique, "céleste" disent ses fans, elle s'étendait sur 3 octaves et demi, selon Seth Riggs, son professeur vocal : "Michael va du mi grave au sol de l'octave supérieure puis au la de l'octave supérieure et atteint enfin un do suraigu, soit 44 notes." Une voix surnaturelle...
"Une voix de castrat", a pensé Alain Branchereau en écoutant par hasard Man in the mirror. Passionné d'opéra, ce chirurgien marseillais, pas franchement porté sur le rock, est resté médusé par "cette tessiture extraordinaire, qui mêle la puissance d'une voix d'homme, la couleur d'une voix de femme, la fragilité d'une voix d'enfant". "Cela m'a fait penser aux descriptions des voix de castrats, ces stars de l'opéra baroque que personne n'a plus entendu depuis le XVIIe siècle."
Intrigué, le médecin mélomane a enquêté. Et il s'est pris au jeu. Avalant toutes les biographies, des centaines d'interviews,(Y'a pas que moi que MIKL a intrigué!
) puis consultant tous ses copains médecins : "La moitié de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille y est passée : physiologiste de la voix, dermatologue, chirurgien esthétique, psychiatre et même un ami qui fut Petit chanteur à la Croix de bois".
Ses conclusions, il les détaille dans un ouvrage à paraître (*) qui fera grand bruit. Pour l'auteur, la voix de Michael qui n'a pas mué, mais aussi ses caractéristiques physiques, son retard de croissance, son absence de pilosité à l'adolescence, son aspect androgyne, et encore son profil psychologique instable, son syndrome de Peter Pan, sa quête désespérée d'une identité, "tout indique que le chanteur a subi une castration vers l'âge de 12 ou 13 ans".
L'hypothèse d'une castration physique accidentelle, consécutive à des coups portés par son charmant père a déjà été évoquée par certains biographes. "Mais cela a été contredit par le rapport d'autopsie", balaye Alain Branchereau.
Le médecin marseillais propose donc une autre explication. "À 12-13 ans, Michael était défiguré par l'acné. Pour le traiter, ses mentors ont pu se procurer de la cyprotérone, un anti-androgène qui a pour effet de bloquer les effets de l'hormone mâle, la testostérone, laquelle commande notamment les modifications du larynx à la puberté."
Vers 18-20 ans, le chanteur, en rébellion contre sa famille, aurait arrêté le traitement. Sur les photos de cette période, il reprend du poil de la bête... et de la barbe au menton. "Mais il gardera à vie son larynx d'enfant et cette voix de cristal à laquelle le développement du thorax va donner de la puissance", note le Pr Branchereau. Inutile de préciser que le médecin marseillais est désormais fan parmi les fans. Avec un énorme regret : "On n'entendra jamais Michael Jackson chanter du Purcell."
http://www.laprovence.com/article/region/michael-jackson-etait-il-le-dernier-des-castrats